lundi 14 septembre 2015

Ailleurs avec Wild Frank





Qu'est-ce que la littérature ?
"No materials exist, for a full and satisfactory biography of this man" dit Melville en parlant de Bartleby. Il est intéressant de constater que les français ont traduit "scrivener" par "écrivain", comme si, inconsciemment, ils ne voulaient jamais séparer le motif littéraire de la littérature elle-même. Avec Musil mais surtout  Kafka, dont Ludwig Winder reprendra certains traits (comme ces personnages sans réel intérêt littéraire manifeste), sans oublier Pessoa, les auteurs du XXe siècle ont abandonné progressivement l'idée de biographie des personnages. Comme si ce qui se jouait en littérature était ailleurs et que la banalité des professions et des désirs, leurs servaient à définir de meilleure façon cet ailleurs de la littérature.



A la télévision hier, le programme Wild Frank, au Népal. Cet espagnol quarantenaire jure à chaque instant, son côté potache fait fureur ici. Cela vaut largement un film d'art et d'essai sur les gens de la rue. Mais nous sommes dans la jungle. Frank va se rouler dans la boue avec les éléphants, n'hésite pas à attraper une vipère de Russell qui lui crache son venin au visage et l'aveugle un long moment. Je me souviens de Bear Grylls il y a quelques années de cela, qui, en voulant se nourrir du miel d'une ruche sauvage, se fit piquer par une abeille, traversa un désert la gueule enflée, lutta contre un serpent cobra, l'étripa, puis le dépeça. Il urina ensuite dans la peau du serpent, noua ce tuyau rempli de pisse autour de son cou et en but le contenu au milieu du désert. Je l'avais déjà vu essorer une bouse de vache en Afrique, pour se désaltérer.


Je repense à l'ailleurs, et je ne sais pas s'il existe une autre condition pour créer quoique ce soit, même dans la routine d'un jour de pluie.

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