jeudi 28 avril 2016

Jan Van Eyck et Jacques Coeur






Jan Van Eyck fut le contemporain de Jacques Coeur, argentier du roi Charles VII (le roi qui fut sacré grâce à Jeanne d'Arc en 1429 à Reims et qui valut à la Pucelle d'Orléans d'être mise sur le bûcher, après avoir été livrée aux Anglais par les Bourguignons) à partir de 1436: Les époux Arnolfini est un tableau datant de 1434, époque où Van Eyck n'est plus sous la tutelle du Duc de Bourgogne, mais vit à Bruges et reçoit des commandes de riches bourgeois négociants et nomades (la taille portative des Epoux Arnolfini est faite pour satisfaire ces voyages répétés des commanditaires entre l'Italie et les Pays-Bas Bourguignons. À l'époque, ces derniers sont le pendant nordiste de l'Italie, en termes de haute culture et d'éclosion des Beaux-Arts. Héritier de la vieille Lotharingie, il représente une puissance politique : "Depuis 1363, à la faveur des guerres anglaises, la Maison de Bourgogne, branche cadette des Valois, a constitué un État. Au temps de Charles le Téméraire (1467-1477), il s'étend  de Mâcon à Amsterdam, d'Amiens à Mulhouse (...) Un pôle de civilisation artistique qui, à Dijon, Beaune, Bourges, Gand ou Bruxelles, soutient la comparaison avec l'Italie. Vers 1470, Louis XI fait piètre figure à côté de Charles le Téméraire" (cf. Histoire de France, Jean Carpentier et François Le Brun, p.150, que tout bon citoyen devrait apprendre par coeur, au lieu de se prélasser en meutes près des fontaines publiques, ou de protester, à l'inverse, contre l'odeur des vagabonds). Je ferme la parenthèse en disant que cela n'empêcha pas Louis XI de s'imposer par la suite. Mais avant cela, le commerce des textiles facilite la prosperité générale de ces Pays-Bas Bourguignons, commerce bientôt relayé par l'ouverture vers les Indes et les Amériques, un siècle plus tard, par le port d'Anvers que connaîtra Brueghel. 

Le Capital et les Banques sont à l'origine de la magnificence des arts de la Renaissance: cela fait mal mais le nier serait stérile. C'est le Capitalisme néo-libéral tel qu'il s'est propagé dans les années 1980, celui des Reagan, Thatcher, Beregovoy et Naouri qui ferma la boucle et détruisit ce que ce premier Capitalisme localisé avait construit avant sa chute.

Dans un tel contexte d'opulence des classes aisées, l'art en garde évidemment la trace. Les drapés, l'ondulation et la brillance de la soie seront des motifs privilégiés par Van Eyck qui travaille donc quelques années pour Philippe le Bon, duc de Bourgogne, fils de Jean sans peur (assassiné sous les ordres du futur Charles VII). Cela en fait un membre du camp ennemi (allié aux Anglais de 1419 à 1435) de Jacques Coeur et des siens. Sur le plan historique, la représentation du Chancelier du Duc, le dénommé Rolin, est remarquable. Un épisode du magazine Palettes lui est consacré. L'auteur de l'Agneau mystique (qui fut une oeuvre collective et familiale) est entré dans l'histoire de l'art pour deux faits précis. C'est l'un des premiers artistes à signer son oeuvre, dans une perspective individualiste, et l'un des propagateurs de la technique de la peinture à l'huile, qui permet de s'approprier les effets de lumière (il n'est néanmoins pas l'inventeur de cette technique).



 

Ce qui en fait un maître absolu est sa dévotion pour le détail, de l'orfèvrerie aux menus objets, des miroirs qui préfigurent une pensée baroque qu'énoncera Velazquez bien plus tard. Enfin, sa reappropriation des miniatures qu'il dut sans doute voir lors de son voyage au Levant. Voyage que le propre Jacques Coeur effectua, jusqu'à Damas, et dont il savourera l'architecture et s'en inspirera pour édifier son propre Palais, où il ne vivra d'ailleurs jamais. On a d'ailleurs peut-être tort d'y voir seulement une émanation du Gothique, ("Gothique tardif") en oubliant de déceler cette influence orientale évidente. Reste à définir quel crime de lèse-majesté valut à Jacques Coeur d'être exclu par le Roi. Mon avis est que Jacques était israëlite, son background familial le prouve. Bien que les historiens n'ont jamais investi une telle hypothèse, peu nationaliste, cela me semble une piste à privilégier. 

Enfin, remémorons-nous les principaux ducs de Bourgogne (Steiner explique comment il organise des listes de papes qu'il s'agit de restituer jusqu'au dernier, pour exercer sa mémoire, qui est un intéressant paliatif aux journées paresseuses). Aussi mon antisèche du jour : 

Philippe le Hardi père de
Jean sans peur (assassiné sous les ordres du dauphin Charles, futur Charles VII), père de
Philippe le Bon père de
Charles le Téméraire, défait par Louis XI alors qu'il était prêt à faire de Nancy sa capitale

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