mardi 9 mai 2017

Les mains d'or





Les Grecs se sauraient-ils douter qu'un jour leur démocratie se définirait par le choix à faire entre la tenancière d'un bordel et un affairiste cocaïné? Certes pas. Les habitants d'Ebla se doutaient-ils que leur bibliothèque serait le point de départ d'une civilisation de l'écrit que se terminerait à quelques kilomètres de là, dans les décombres d'une Alep survolée par des drones et autres oiseaux de l'Apocalypse? Je n'ai pas la réponse. Il ne reste plus qu'à cultiver l'anachronisme et la glande éclairée. 

On me traite d'analphabète politique pour ne pas daigner voter. On a raison.

Il y a en moi un lecteur de Miguel Hernández et un amateur de Lavilliers qui respecte le monde des usines et du fer forgé. Un être qui se plait à parler au agents de production les moins favorisés, qui montrent souvent une hauteur de vue et une bonté incomparable au reste de notre société de services.

Mais un autre, bien plus sceptique et froid, se déclare très souvent à moi et finit par faire capoter tous les plans d'envoûtements idéologiques qui feraient de moi le plus fervent des votants. Cet autre voit dans les syndicats et les cris prolétaires l'expression de pauvres bêtes prises au piège d'un système avilissant dont ils ne sauront jamais s'extirper. Il comprend mais n'adhère pas. Comment regretter en effet que la France se désindustrialise? Comment se plaindre des alternatives proposées? Et surtout, comment pardonner qu'une partie de ces personnes mécanisées votent pour une infâme rombière qui déshonore ce pays par ses ricanements putassiers et sa bêtise intrinsèque? 

La possibilité de ne rien faire, accompagné du RSA et d'une saine propension à l'errance dans les médiathèques ne vaut-il pas l'agglutinement délétère au sein des chaînes de montage pour des motifs de reproduction et d'ennui ? 

Choisissez mieux vos combats, camarades, car, je vous le dis, la possibilité vous est donnée de ne rien faire.

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